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Il était une fois une hirondelle dont la grâce, l'adresse, l'intelligence et la beauté étaient connues de loin. Elle était née dans une ferme. Ses parents avait construit un nid contre une poutre, à quatre mètres de hauteur.
Après quelques semaines de joyeux cris et surtout de nourriture sans cesse apportée par les parents, la petite hirondelle prit son vol. Quelle joie de voler, de monter, de monter encore, de voir le monde de plus haut, puis de faire des arabesques en redescendant, de se laisser porter par un courant, de se poser sur un fil un instant et de recommencer de plus belle.
Un jour, elle commença l'entraînement pour le départ. Elle ne savait pas quel départ, ce n'était pas important pour elle d'ailleurs. Ce qui lui plaisait c'était de voler avec ses semblables, en rangs serrés, en dégradés, comme pour former une unité.
Et elle est partie. Le printemps suivant, elle revint au même endroit, dans la même ferme.
Dans la basse-cour de cette ferme, une dinde est née. Elle était mignonne, elle faisait elle aussi le bonheur de sa famille.
Elle se mit à regarder l'hirondelle. Elle essayait de voler comme elle. Mais bien sûr, pour une dinde, c'est plus difficile. Partout où elle allait, les gens lui disaient:
Ça faisait enrager la petite dinde. Son orgueil en prenait un coup :
Et elle se mit à jalouser l'hirondelle que tout le monde regardait avec admiration et dont on enviait la grâce et la liberté.
Et puis, l'hirondelle commença à avoir quelques difficultés. Elle s'était cassé une patte et elle se remettait lentement. Elle volait avec moins de facilité.
Elle se souciait peu de ce que pouvait penser la dinde. Un peu candide, elle la croyait son amie. Alors, elle se posa dans la basse-cour et lui dit :
La dinde accepta.
Et la série noire continua pour l'hirondelle. Le nid qu'elle avait construit avec peine, elle dut le quitter. Elle se retrouva même en difficultés avec le fermier. Elle ne pouvait plus, comme elle lui avait promis, faire de jolies arabesques pour le divertir en reconnaissance de la place qu'il lui laissait occuper.
Elle se souvint alors de la promesse faite par la dinde. Elle lui demanda de l'aide.
La dinde tenait sa vengeance. Elle pouvait enfin damer le pion à ce volatile insouciant. Elle alla même vers le fermier et lui dit :
Et ce fut fait ainsi. Avec le fermier, elle l'obligea malgré son handicap, à voler devant eux. Quelle humiliation, ses vols n'avaient plus la même élégance et de loin. La dinde en parla dans toute la basse-cour. Elle avait réussi à faire descendre l'hirondelle de sa grandeur. Elle tenait sa vengeance, la belle hirondelle avait enfin perdu de sa superbe.
Depuis, l'hirondelle évite la basse-cour, là où elle croyait pouvoir se reposer quand elle était fatiguée, là où elle croyait pouvoir trouver de l'aide quand elle en avait besoin. Peut-être même qu'elle a peur d'y retourner, se disant que, en tant qu'hirondelle, soit on vole haut, beau et loin à l'arrivée de chaque hiver, soit on disparaît, pour laisser les dindes tranquilles.
Moralité :
Si vous avez une patte cassée, prenez le temps de bien observer avant de mettre aussi la tête sur un billot!
Théa d'Albertville – 11 août 2011