• Le moineau et la mouche

    moineauUn jour, le chef des mouches alla trouver le Dieu pour se plaindre.

    • Ô Dieu, en ce monde, il n’y a pas plus effronté et paresseux qu’un moineau. Ces bêtes, avant même que les humains n’aient offert les prémices des moissons aux Dieux, vont dans les champs secs et rizières picorer en cachette. Je vous prie de les châtier d’importance.
    • Première nouvelle, dit le Dieu. Eh bien !  Je vais convoquer le responsable des moineaux.

    Celui-ci se présente. Le Dieu le tance en roulant des yeux :

    • Moineau ! Je croyais que vous étiez sérieux et pieux ! Mais la mouche - députée ne vient-elle pas de m’apprendre que vous chipiez les grains dans les champs avant que les humains ne  m’en aient offert les prémices.

    Et le Dieu fait de gros yeux.
    Le député moineau proteste :

    • Ce n’est pas ça du tout, mille excuses. Mes confrères et consœurs se contentent de picorer les grains tombés dans la cour des habitations. La mouche a fait un faux rapport. Seuls quelques moineaux vont piquer dans les champs. C’est l’exception. Nous tâcherons de les policer.

    Le Dieu dit alors, avec une gentille expression sur le visage :

    • Il y a bien une raison pour que cette calomnie des mouches et pour quelles vous en veuillent ainsi.

    Le députer moineaux répond :

    • Les mouches nous jalousent. Il n’y a pourtant pas de raison.

    Le Dieu :

    • Pourquoi ?
    • Je ne veux pas dire du mal des gens.
    • N’importe ! Parle donc !
    • Eh bien, je m’explique : au monde, rien de plus sale et insolent que les fines mouches.Leur usage est de vivre dans les cabinets et tas d’ordures ; de là elles vont faire escale sur les plats des humains et des Dieux, y posent leurs pied nus, et y mangent sans vergogne ; leurs mains, leurs pieds, leur bouche transportent les bactéries ; les humains les détestent et les assomment avec une tapette. En outre, les mouches constatent que les humains nous chérissent. Ils nous laissent faire nos nids sous leurs auvents, et vivre heureusement chez eux. Les mouches n’aiment pas cela.
    • Ah voilà ! dit le Dieu. Mais c’est affreux ! Venir nu-pieds di cabinet piétiner nos plats sans s’être lavés ! Qu’on me convoque le chef des mouches !

    Il arrive, le mouchard, et le Dieu l’interpelle :

    • Eh bien ! On m’en apprend de belles. Tu m’as fait tout un plat de la vilenie des moineaux, mais toi tu ne vois pas la poutre qui est dans ton œil. Tu as accusé des innocents, les moineaux, Mais toi et ta race vous venez essuyer vos pattes merdeuses sur mes divines offrandes, et semer des bactéries sur notre nourriture. Mouches, nuisibles et inutiles bestioles, je vais vous liquider ! Attention !

    La mouche est ahurie, elle dit :

    • Dieu, j’ai été méchante. Mais ne nous liquidez pas, je vous en prie !

    La mouche, déconcertée, fait des pieds et des mains pour implorer sa grâce et celle de ses congénères. Non seulement elle joint gracieusement les mains et se les frotte, mais encore elle se frotte les pieds et les joints en signe de prière extrême.

    C’est depuis ce temps-là que les mouches se frottent les pattes de devant et de derrière, donnant l’impression de se laver ou bien de prier avec inquiétude.


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